[Conférence] Faites-vous du greenwashing sans le savoir ?
Le 16/01/2023
« Le greenwashing est un cancer pour la RSE » pourrait très bien résumer cette conférence. Trois marques de luxe et une association se sont attaquées aux pièges du greenwashing.
« Notre organisme pousse les entreprises à être plus transparentes et à éviter toute tactique. La première étape de ce voyage consiste à s’assurer que les mesures de durabilité font partie intégrante du modèle économique de l’entreprise, » explique Amélie Deloche, responsable des questions de climat et d’énergie à l’association française Pour un réveil écologique. « De nombreuses maisons de luxe présentent des stratégies de développement durable très ambitieuses, mais en parallèle, elles continuent de fonctionner comme avant. La soif de croissance perpétuelle perdure, et cela doit être réexaminé, » a-t-elle ajouté.
Les entreprises ne font pas du greenwashing pour le plaisir de faire du greenwashing, mais souvent parce qu’elles croient faire quelque chose d’innovant. Mais si l’on gratte la surface, ce n’est qu’un écran de fumée. C’est pourquoi la formation est devenue primordiale.
Amelie DELOCHE, Communicante enjeux climat – énergie – POUR UN REVEIL ECOLOGIQUE
Guillaume Petavy-Meynier, Global Brand Director Martell Mumm PerrierJouët (Groupe Pernod-Ricard) a souligné que le programme interne de durabilité de Perrier-Jouët, Reenchant, adopte une approche à 360°. « L’emballage fait partie d’un ensemble plus vaste, et nous devons aller beaucoup plus loin et travailler en symbiose avec la nature, » a-t-il noté. « Notre programme englobe la viticulture régénérative jusqu’au transport, en passant par les sources d’énergie, les matériaux… l’écosystème dans sa globalité est en jeu. »
Comment les entreprises peuvent-elles « verdir » leurs offres produits pour éviter le greenwashing ? Veronica Susman, fondatrice de la marque de soins La Crème Libre, a déclaré que dans le contexte de l’emballage des cosmétiques premiums, elle applique une stratégie zéro échantillon à sa marque. « S’il y a une bataille à mener, c’est celle des échantillons et des mini-formats. Regardons les choses en face, un échantillon représente 99% d’emballage pour trois gouttes de formule. Nous ne pouvons pas avoir une stratégie durable d’un côté, et des actions marketing qui prennent une tout autre direction, » commente-t-elle. Perrier-Joüet privilégie la production locale.
« Historiquement, la plus grande partie de nos emballages étaient produits en Chine, nous avons donc dû repenser notre approche pour voir comment nous pouvions passer au made in France. » Un projet clé pour la marque de champagne a été l’Ecobox, un étui pliant fabriqué en France (par Le Sanglier). « Avec FibreForm, des encres naturelles et zéro colle, nous avons conçu une boîte 30% plus légère, et 30% moins cher, que la génération précédente, » explique Guillaume Petavy-Meynier. Il rajoute que tous les emballages de la maison sont fabriqués à moins de 100 km du vignoble et d’ici 2030, elle souhaite que 100% de ses expéditions maritimes se fassent en voilier.
On parle de greenwashing, mais il y a aussi le « made in France-washing ». On peut tromper le consommateur avec des étiquettes indiquant qu’un produit est fabriqué localement alors que seule une partie est produite en France. Il y a là un cruel manque d’éducation.
Benjamin BUQUET, Co-fondateur de CARUUS
Pour Benjamin Buquet, cofondateur de la marque de baskets made in France Caruus, la communication est également essentielle. « On parle de greenwashing, mais il y a aussi le « made in France-washing ». On peut tromper le consommateur avec des étiquettes indiquant qu’un produit est fabriqué localement alors que seule une partie est produite en France. Il y a là un réel manque d’éducation pour le consommateur. »
Guillaume Petavy-Meynier ajoute qu’il est essentiel pour les marques de définir leurs propres ambitions de manière très claire, puis d’avancer pas à pas, tant en interne qu’en externe. Et elles doivent investir dans la formation au développement durable. « Les entreprises ne font pas du greenwashing pour le plaisir de faire du greenwashing, mais souvent parce qu’elles croient faire quelque chose d’innovant. Mais si l’on gratte la surface, ce n’est qu’un écran de fumée. C’est pourquoi la formation est devenue primordiale, » a conclu Amélie Deloche.
Article rédigé à partir de la conférence Faites-vous du greenwashing sans le savoir ? avec l’intervention de Benjamin BUCQUET Cofondateur – CARUUS, Amélie DELOCHE Communicante – POUR UN RÉVEIL ÉCOLOGIQUE, Guillaume PETAVY Global Brand Director– MARTELL MUMM PERRIER JOUËT – Véronica SUSMAN Fondatrice– LA CRÈME LIBRE
Salon LUXE PACK – Edition Spéciale 2022 – PARIS.