mercredi 8 janvier 2025

[Conférence] Ces jeunes pousses qui font le pari de l’éco-conception

Quels sont les défis liés à l’écoconception et comment les jeunes entreprises abordent-elles cette question ?

L’écoconception est au cœur de la formule et de l’emballage chez Le Rouge Français. L’emballage transparent et primaire de son rouge à lèvres est fabriqué à partir d’huile de ricin injectée. L’entreprise a investi dans son propre moule pour proposer l’écrin biosourcé fabriqué en France, qui est à la fois rechargeable et recyclable. « Lancer une innovation mondiale en pleine pandémie de coronavirus a été un véritable défi et nous avons dû nous adapter et trouver les bons partenaires, » explique la cofondatrice Elodie Carpentier. « Le plus complexe est l’aspect financier ; en tant que jeune entreprise, vous devez lever des fonds et convaincre des investisseurs. » Le Rouge Français travaille avec des verriers français pour le reste de sa gamme, et va lancer une palette effet cuir en carton recyclable, avec des godets en aluminium recyclables et rechargeables. Le Rouge Français dispose d’un système de reprise en BtoC pour ses emballages et d’un système de collecte auprès des détaillants.

Le monomatériau est extrêmement important et facilite grandement le travail des recycleurs ; il est important de communiquer avec les recycleurs et de penser à la fin de vie.

Lors du lancement de la marque de sous-vêtements durables Olly il y a cinq ans, elle était en quelque sorte un précurseur. « Il était plus facile de trouver des baskets fabriquées à partir de matériaux recyclés que de la lingerie durable, » explique la fondatrice Clémentine Girard. La marque utilise du coton biologique certifié GOTS, de la dentelle italienne recyclée et du Tencel, ainsi que du fil synthétique recyclé Seaqual pour ses maillots de bain. Ses produits sont fabriqués en Europe, dans des ateliers en France, en Espagne et en Hongrie. La boîte d’expédition et de cadeau combinée d’Olly pour l’e-commerce a un extérieur neutre et un intérieur habillé dans les couleurs de la marque. Elle peut être démontée et remontée pour être utilisée comme boîte cadeau ou pour être conservée.

Chez la marque de parfums botaniques Floratropia Paris, « nous avons pris des mesures audacieuses, » déclare la fondatrice Karine Torrent à propos de ses recharges doypack. « Le parfum est l’un des produits les plus suremballés de la beauté, » note-t-elle, ajoutant que la perception de la qualité d’un parfum est souvent liée à son emballage. « Si le verre est plutôt vertueux en termes de recyclage, les deux tiers de son empreinte carbone sont liés à sa production. » Par rapport aux recharges en verre ou en aluminium, le doypack est la solution optimale en termes d’empreinte carbone (environ 60% de moins). Floratropia collecte gratuitement ses doypacks lorsqu’ils sont vides, pour ensuite les revaloriser auprès d’une entreprise qui récupère l’aluminium et crée de l’énergie thermique à partir des deux couches de PET/PE. « Nous aimerions avoir une solution monomatériau, mais avec les parfums à base d’alcool, ce n’est pas envisageable pour l’instant, » précise Karine Torrent.

Pensez en dehors des sentiers battus. Allez dans des industries différentes de la vôtre, et cherchez la créativité et les innovations en matière d’emballage. C’est en combinant ces deux éléments que l’on fabrique des choses exceptionnelles.

Avec sa marque Barbarie Compagnie, Sacha Balti a voulu montrer qu’il était possible de développer un flacon entièrement en verre pour conserver l’huile de graines de figue de barbarie. « Les emballages compte-gouttes multimatériaux sont aujourd’hui utilisés pour les huiles végétales, mais nous voulions un emballage monomatériau, » explique-t-il. Balti s’approvisionne en Tunisie pour l’huile de graines de figue de barbarie, réputée pour ses propriétés anti-âge.

Outre l’approvisionnement éthique, des actions sociales positives ont également été mises en avant. Le Rouge Français plante une mangrove (une plante particulièrement efficace pour stocker le carbone) pour chaque produit vendu. Olly travaille avec une entreprise de logistique de e-commerce qui fait de la réinsertion sociale.

Quant aux conseils qu’ils donneraient à quelqu’un qui cherche à faire de l’écoconception, Sacha Balti dit de ne pas se cacher derrière le terme. « Aujourd’hui, nous parlons d’écoconception et nous cachons derrière pour finalement produire des emballages qui ne le sont pas, et nous avons du mal à définir réellement cette notion. Il faut adapter l’écoconception à son produit. » Le verre est l’emballage qui convient le mieux à son huile, dit-il, car il est neutre et préserve la formule. « Même si les emballages sont écoconçus du mieux possible, ce sont néanmoins toujours des déchets, » affirme-t-il. « Le monomatériau est extrêmement important et facilite grandement le travail des recycleurs ; il est important de communiquer avec les recycleurs et de penser à la fin de vie. Nous devons réfléchir à la matière que nous utilisons, pourquoi nous l’utilisons et si elle est vraiment vertueuse. Il n’y a peut-être pas de solution miracle, mais il faut être conscient que lorsqu’on lance un produit, on crée des déchets, et alors essayer de minimiser l’impact autant que possible. »

« Il faut se lancer, » ajoute Clémentine Girard. « Dans le textile, il y a beaucoup de matériaux et chacun a ses avantages et ses inconvénients. » « Sortez des sentiers battus, » conseille Elodie Carpentier. « Allez dans des industries différentes de la vôtre, et cherchez la créativité et les innovations en matière d’emballage. C’est en combinant ces deux éléments que l’on fabrique des choses exceptionnelles. »

Article rédigé à partir de la conférence Ces jeunes pousses qui font le pari de l’éco-conception avec l’intervention de Sacha BALTI, Fondateur –BARBARIE COMPAGNIE, Elodie CARPENTIER, Co-fondatrice – LE ROUGE FRANÇAIS, Mathilde DE SACY, Co-fondatrice – OLLY, Karine TORRENT, Fondatrice – FLORATROPIA PARIS