04-05 JUIN 2024 CARREAU DU TEMPLE, PARIS - France Le salon du packaging durable

Trois questions à… Laurent Nogues, Maître d’Art à la tête de Créanog

Le 19/03/2021

Trois questions à… Laurent Nogues, Maître d’Art à la tête de Créanog

Vous faites cette année des infidélités au papier en présentant de nouvelles techniques de gaufrage et de marquage à chaud sur bois : racontez-nous tout…

Il s’agit d’une adaptation de nos savoir-faire papier sur des supports bois. Et je crois pouvoir dire que nous sommes parvenus à une qualité et une précision jamais égalées en matière de décor sur bois. S’agissant des modèles qui seront présentés à l’ES by Luxe Pack, nous avons opté pour du noyer : des feuilles de bois véritable, contrecollées sur des structures en bois de type MDF. De fait, les niveaux de reliefs du gaufrage et le degré de finesse du marquage sont tels, qu’ils ouvrent la voie à toutes les audaces créatives : blasons, logo, motifs, reproductions d’images, décors travaillés en dégradés et/ou avec des effets métalliques…

Ces techniques sont-elles transposables sur toutes les essences de bois ?

En ce qui concerne le marquage, la réponse est oui. Pour ce qui est du gaufrage, cela dépendra des qualités mécaniques de chaque essence. Nous devrons mener des tests au cas par cas pour vérifier la capacité de résistance à la déformation – sans casser – de chaque bois.

Quels sont vos marchés cibles ?

Sans surprise et en priorité le marché des vins et spiritueux : ces écrins se positionnent d’emblée sur le haut et le très haut de gamme avec une esthétique de marque évidente. Nous avons d’ores et déjà d’excellents retours de la part de plusieurs grandes Maisons notamment sur le segment du cognac. Les marques ont également apprécié le caractère écoresponsable de ces écrins : hors charnières, nous sommes sur du mono-matériau avec des coffrets-objets réutilisables. D’ailleurs nous comptons utiliser exclusivement des bois certifiés FSC : s’agissant du papier, nous sommes déjà certifiés FSC et nous avons déposé un dossier de certification pour le bois.

Nous imaginons que vous n’abandonnez pas pour autant votre matériau cœur de métier qu’est le papier : sur quoi travaillez-vous en ce moment ?

Nous développons des produits à partir de papiers à grande capacité de déformation. L’objectif : raisonner en termes d’objets-papier. Les techniques traditionnelles de gaufrage – process durable par excellence – pourront aisément être détournées pour la fabrication de ce type d’objets. N’en déplaisent à ceux qui veulent faire table rase des packs secondaires – ce qui est passablement effarant sachant que le pack secondaire est constitué à 98% de papier, matériau star du recyclage – un nouveau futur est en train de s’écrire pour le packaging papier. Il nous appartient de réinventer le produit papier, en termes de formes et de formats mais aussi de valeurs « fonctionnelles » ajoutées (applications omniphobes, antivirales ou antibactériennes par exemple).

D’autres projets en cours ?

En collaboration avec Emmanuel Barrois, verrier et Maître d’Art, nous avons mis au point une technique d’encapsulage de papier dans du verre. Une sorte de sandwich de verre, de résines et de papier. Une association à fort potentiel dans l’univers de la PLV. Avec Emmanuelle Dupont, brodeuse, nous développons des techniques mixtes entre broderie et gaufrage. Ne perdons pas de vue que les métiers d’Art dans leur ensemble, constituent une formidable source d’inspiration et de savoir-faire qu’il convient d’intégrer dans une approche transverse. C’est aussi à mon sens l’un des derniers bastions de résistance face à l’essorage marketo-financier auquel la création a été soumise ces 15 dernières années. En d’autres termes : LE lieu où un nécessaire repositionnement de l’image du luxe pourra émerger.

 

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